vendredi 2 janvier 2009

Design sur fond de guerre froide












Jeudi on avait décidé ma copine Ana et moi d'aller voir une expo ensemble. Histoire de se donner l'impression d'avoir fait quelque chose de constructif de cette semaine entièrement consacrée à l'arrachage de vêtements et autres croches pieds volontaires, j'ai nommé les soldes.

J'avais choisi une expo au Victoria & Albert museum parce que V&A c'est une valeur sure.
Cold War Modern: Design 1945-1970.
Du Design sur fond politique: mmh prometteur!

Rendez-vous fixé à 13h00 sur les marches du musée. Mais Anna ne vient pas. 13h15 je commence à éternuer. 13h30 mes doigts de pieds sont déjà porté disparus et toujours pas d'Ana. Une minute de plus en je me chope une bronchite aiguë, je décide donc qu'il est plus sage de commencer l'expo sans elle.

L'expo s'articule en 8 chapitres, un parcours qui nous plonge au coeur du conflit USA/Union Soviétique. A l'époque où les deux blocs ennemis faisaient la pluie et le beau temps. Paradoxalement leur opposition a eu un effet positif: le développement des nouvelles technologies. Une course aux armes dans un premier temps qui s'est peu à peu transformée en course à la modernité. En 1959 les choses se sont un peu tassées entre les deux rivaux et lors de l'american national exhibition à Moscou, Nixon glisse à Krushchev
« Would it not be better to compete in the relative merits of washing machines than in the strength of rockets? »

Ainsi soit-il. A la plus grande joie de la ménagère de moins de 50 ans, mobilier, objets design et électroménager firent leur apparition. Des deux côtés on rivalise de gadgets et de prouesses tehnologiques. But de la manoeuvre: asseoir sa supériorité et montrer que son mode de vie est le meilleur choix. Comme deux prétendants qui au moyen-âge se seraient affrontés à coup d'épées, New York et Moscou se sont livrés à un vrai duel à coup de radio portables et de voitures coupées sport (avec toutefois un sens plus aigu de l'austérité côté Est, il faut le dire).
Le film "Glimpses of the USA" (1959) de Charles & Ray Eames exprime la fierté des Etats-Unis et de son american way of life. Edifiant.

Un moment de répit qui va très vite être dissipé par la construction du mur de Berlin. L'angoisse d'une guerre reprend de plus belle.
Au milieu de tout ça il y a les artistes, qui nous livrent leur ressenti et nous offrent un témoignage précieux d'une époque où crainte et espoir jouaient au Yo-Yo.

Des oeuvres regroupées et intelligemment mis en scène par le V&A museum.
On y croise donc des projets architecturaux, du mobilier futuriste, des affiches de propagande, mais aussi des films comme 2001 Odysée de l'espace, des robes de créateurs, et cette étonnante installation Oasis No.7 des Australiens Haus-Rucker-Co qui résume à elle seule l'humeur de l'époque.

J'étais en mode réflexion guerre froidienne, quand Ana fit une inopinée apparition. Madame était restée coincée dans ce foutu métro rholala on se demande ce qu'ils font pour qu'il soit toujours en panne (si vous êtes en retard à un rendez-vous à Londres, donnez toujours l'excuse du métro, sa réputation est telle que personne n'osera vous contredire) et non mais en plus le portable passe pas là-dedans...pendant qu'Ana continuait à en rajouter des tonnes à grand renfort de gestes en tout genre et de secouage de cheveux, mes yeux furent attirés par un sac Selfridges qu'elle portait au bras.

Je regardais ma montre: 17h00! J'avais passé 4h en pleine guerre froide alors que madame s'était contentée de faire chauffer sa carte de crédit. Aucun regret.

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